MONSIEUR CHIEN ÉTAIT SON PROPRE MAÎTRE
- Joel Koechlin

- 3 sept.
- 7 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 sept.
Un appel aux écrivains à se tourner vers l'édition de l’avenir

Nous vivons une époque bien étrange dans le domaine de la publication. Car on pourrait se poser la question : « À l'heure actuelle, quel est vraiment le rôle d'une maison d'édition traditionnelle ? »
En effet chacune de nos expériences d'écrivain semble nous mener à un degré de frustration plus intense.
Dans l'« ancien temps », les rôles respectifs de l'auteur et de la maison d'édition étaient clairement définis : l'auteur écrivait — car c'est son job ; l'éditeur évaluait, publiait (ou rejetait !), faisait imprimer, distribuait, et s'occupait du marketing — qu'à l'époque on appelait « propagande ». Et finalement, l'auteur recevait ses maigres droits d’auteur — ce qui pouvait s'expliquer par le fait que l'éditeur prenait tous les risques financiers, dus surtout au maintien d'un stock de livres imprimés important, plus les frais de publicité et de distribution. Mais ça, c'était avant l'ère du numérique.
À présent tout est changé.
Non seulement les maisons d'édition ne sont plus tenues d’imprimer des quantités astronomiques de livres et de maintenir des stocks importants — grâce à l'impression moderne numérique qui, à la limite, peut se faire économiquement un livre à la fois, comme en témoigne le système POD (Print On Demand) d'Amazon — mais en plus, elles exigent de nous, les auteurs, de prendre en charge le marketing (social media, campagnes email et pubs), à tel point que les présentations de manuscrit aux éditeurs imposent à l'auteur de procurer un marketing plan qu’il doit s’engager à respecter. Autant dire que les éditeurs ne font plus leur travail. Sauf lorsque, rarement, ils mettent la main sur la poule aux œufs d’or ! Quant aux droits d’auteurs, eux, par contre, ils n'ont pas augmenté d'un iota. Et bonne chance si, en plus, le sujet de votre livre ne vise pas une démographie populaire !
Il semblerait que ces « éditeurs-à-l’ancienne » — dinosaures d’un temps révolu — ne survivent financièrement que grâce aux quelques JK Rumbling et Paolo Cornelio dont ils se sont emparés et qu’ils exploitent à fond commercialement, en système clos. Pendant ce temps, bien des ouvrages d’écrivains secondaires (souvent de qualité) se bousculent sur leurs étagères encombrées sans qu’ils leur prêtent la moindre attention en termes de promotion : il s’agit en effet de simples éléments décoratifs dans leur univers, dont ils ont besoin pour perpétuer le mythe aujourd’hui désuet de l’Écrivain flamboyant — celui qui signe ses livres en grande fanfare en présence de la presse et de la télévision, et puis s’esquive dans un ronflement de sa Porsche !
Telle est la triste situation aujourd'hui.
C'est pourquoi, dans ce contexte nouveau, l'autoédition est une solution qui respire l’air frais : finie la course aux éditeurs rapaces ! Si l’auteur doit faire des efforts de marketing en plus de son travail d’écrivain, autant qu’il en récolte les fruits directement. Car prendre en charge son propre marketing coûte en efforts, temps et argent (Amazon ads et Google ads, par exemple).
Bien entendu, si l’on fait ce choix en faveur de l’autoédition le marketing devient une part du travail d’auteur ; bien entendu, nous devons consacrer un pourcentage de notre temps à la promotion de nos ouvrages. En revanche, si notre livre possède quelque valeur, il fera certainement son petit bout de chemin et les royalties tomberont dans la tirelire ; et s’il ne vaut rien ce ne sera pas pire, il ne se vendra pas et on se sera au moins épargné l'humiliation et les efforts d'aller mendier chez un éditeur après l'autre, et ce, parfois, sur des années…
D’autre part, dans le cas de l’autoédition, nos droits d’auteur sont de 60% du prix affiché (moins coût d'impression), à l’encontre des 8% du prix de vente (en général), en édition classique. En e-book, 70 % à l’encontre de 25 %. Or je veux bien bosser sur la pub et la distribution de mon bouquin à condition que je gagne quelque chose de décent en droits d’auteur et surtout, SURTOUT, si tel le « Monsieur Chien » de mes Petits Livres d'Or d'enfant, JE SUIS MON PROPRE MAÎTRE ! Car n’oublions pas que, dès que l’on signe avec un éditeur, ON LUI APPARTIENT. Voulez-vous continuer à écrire ? Votre prochain ouvrage doit lui être proposé en priorité ; voulez-vous faire une traduction de votre livre dans une autre langue ? L’éditeur est maître et décide ; un film ? L’éditeur est maître et décide. À tous les niveaux et pour toujours, votre rôle secondaire en tant qu’auteur sera de passer la pommade à votre éditeur dans l’espoir qu’il va faire ce que vous lui demandez ! Yes, sir ! Car n’en doutez pas, tout ces « détails » seront présent dans les petites lignes de votre contrat. Or, j’ose le dire, le statut d’employé servile ne me convient guère…
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Alors voyons sur un plan pratique, en comparaison avec une publication traditionnelle, comment se comporte notre autoédition moderne.
Pour évaluer les revenus générés par notre patient labeur d’auteur, prenons comme exemple concret un livre typique, 5" x 8", d'environ 400 pages. Disons que nous allons publier cet ouvrage en livre broché et en e-book (Kindle), et comparons les revenus en droits d’auteur — par livre, et bien entendu à prix de vente égal.
Droits d’auteur, Livre Broché (exemple indicatif)
Nombre de pages | Prix affiché (€) | Droits d’auteur (€) | |
Autoédition | 400 | 16 | 4.05 |
Édition traditionnelle | 400 | 16 | 1.28 |
Droits d’auteur, E-Book Kindle (de ce même livre)
Nombre de pages | Prix affiché (€) | Droits d’auteur (€) | |
Autoédition | [400] | 6.2 | 4.05 |
Édition traditionnelle | [400] | 6.2 | 1.55 |
La différence est de taille !
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Alors comment fonctionne l’édition du futur ?
Nous allons postuler que nous travaillons avec Amazon KDP (Kindle Direct Publishing). Il est probable que d’autres systèmes verront (ou voient déjà ?) le jour, mais il est un fait qu’à l’heure actuelle, KDP s’impose comme le système à portée globale le plus accessible.
1) Préparation du manuscrit :
La première étape consiste à exécuter le travail de mise en page de votre manuscrit pour le rendre compatible avec les formats imposés par Amazon KDP et le mettre en place dans l’interface KDP, pour livre broché, e-book et, si désiré, livre relié. Pour les livres imprimés, l’ISBN sera obtenu au cours de cette phase. Les e-books se contenteront d’un ASIN (système de référence spécifique à Amazon).
2) Préparation de la couverture :
Si vous avez une couverture prête, il faudra l’adapter de façon à ce qu’elle satisfasse les critères de KDP : format, taille, layout etc. Sinon, il faudra la créer de toutes pièces.
3) Les détails qui doivent accompagner votre livre :
Il faudra fixer les prix de vente, créer une description du livre qui figurera sur la page de vente d’Amazon, et déterminer les catégories et mots clés qui sont d’importance pour que votre livre ne sombre pas, dès le départ, dans les oubliettes d’Amazon (et de Google en général).
4) Publication :
Une fois publié, votre livre sera listé sur Amazon (dans les catégories « Livres » et « Boutique Kindle », suivi des sous-catégories correspondant à votre style, par exemple « science-fiction » ou « philosophie ») et disponible au public.
5) Création d’un compte d’auteur :
Vous créerez votre propre compte sur Amazon Author Central. Ce compte d’auteur sera votre page d’accueil pour tout votre travail littéraire publié, passé, présent et à venir. Le lecteur potentiel trouvera là toutes les informations vous concernant en tant qu’auteur : la liste de vos livres, votre profil d’auteur, les commentaires/évaluations sur vos livres et autres infos utiles. Vous y trouverez également (en privé) les détails analytiques de vos ventes.
6) Promotion/publicité :
La dernière étape (facultative, mais recommandée) consiste, après publication, à gérer les publicités Amazon (sponsored products), de façon suivie, sans quoi votre livre n’aura que peu de chance de monter à la surface du panier et les ventes risqueront de stagner — probablement limitées à vos amis et interventions directes par email et autres réseaux sociaux. La visibilité de votre livre sur Amazon et autres plateformes est cruciale.
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Voyons l’aspect financier.
Il faut savoir que l’accès à, et l’utilisation de, l’interface Amazon KDP sont entièrement gratuits. Amazon tire ses profits des ventes de vos livres (les 40 % et 30% manquants sur vos royalties).
Autre élément d’importance : il n’est besoin d’aucun capital destiné à l’impression de vos livres papier. En effet, le système POD (Print On Demand) élimine complètement la raison d’être d’un stock de livres. Voici comment ça marche : un individu (ou une institution) commande 1 livre (ou 10 livres) sur Amazon. Il est (ou ils sont) immédiatement imprimé(s) chez un imprimeur local qui a un tie-up avec Amazon, puis directement envoyé(s) au destinataire. De commande à livraison, cela prend environ la semaine. Le POD est en vigueur dans 12 pays, principalement Europe, UK, Amérique du Nord, Australie, etc. Quant aux versions e-book (Kindle), n’étant pas limitées par une impression physique, elles seront distribuées dans le monde entier.
De plus, en tant qu’auteur, vous aurez la liberté de commander des livres imprimés au coût d’impression, que vous serez libres de distribuer vous-même. Pour reprendre l’exemple cité précédemment, vos livres en vente à 16 €, ne vous coûteront que 5.5 € l’unité. Vous pouvez donc accorder 30 % à une distribution ou librairie et gagner encore 5 € par livre — plus ou moins équivalent à vos royalties…
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Il est bien clair que l’édition du futur sera de plus en plus indépendante des maisons d’édition traditionnelles. Car il s’agit d’un simple phénomène d’évolution, au même titre que l’automobile, lorsqu’elle s’est libérée du cheval, et que le véhicule électrique qui, à son tour, est en train de se libérer de l’automobile à combustion interne.
En vérité, un phénomène inévitable à long terme.
Comprenons donc la différence entre l’autoédition et une édition traditionnelle, qui peut se résumer en ces quelques mots :
flexibilité, liberté et revenus supérieurs
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Vous avez lu cet article jusqu’au bout, bravo !
Et s’il demeure des questions auxquelles vous n’avez pas eu de réponse, si l’autoédition vous semble trop complexe à gérer, ou si vous ne voyez pas comment faire le premier pas, n’hésitez pas à me contacter sur la messagerie Substack, ou vous référer à mon site d’autoédition assistée - Les Éditions du Mithun, le port d'attache des auteurs libres.
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