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Une nouvelle peau pour LES PIEDS À VIF !

  • Writer: Joel Koechlin
    Joel Koechlin
  • Mar 27
  • 3 min read

Comme c'est étrange. Lorsque j'étais enfant et que ma mère me trainait dans une librairie, les étagères qui me semblaient géantes étaient couvertes de livres qui se ressemblaient tous. En effet, les effets multicolores et graphiques dont les couvertures de livres sont affublées aujourd'hui n'étaient pas encore à la mode. Et pourquoi ? Simplement parce que l'on cherchait un livre en relation avec son contenu, non pas avec son contenant, sa couverture, son emballage. Ou son "buzz". Ah ! Le buzz des médias sociaux ! Un autre métèque responsable des dissolutions de valeurs littéraires...


Au contraire, on se renseignait, on lisait des revues, on écoutait des critiques à la radio. Ou encore, on discutait avec le libraire -- un humain et non pas un algorithme -- qui savait nous conseiller selon nos goûts. Il va sans dire qu'il se devait d'être un magicien de la navigation parmi son labyrinthe.


Je suis fatigué de cette course à la couverture qui fait boum !


Que ceux qui sont en quête de contenu apprécient la pureté d'une couverture de livre sobre, qui n'est pas une mascarade ni un panneau publicitaire.


Un livre, tout simplement.


Voici LES PIEDS À VIF, présentation 2025 :



Un extrait du chapitre 29 - LE NOEUD GORDIEN

Dans le village d'Achabal, entre Anantnag et Kokernag, il y avait un chien — un chien de village indien ordinaire, typique, de taille moyenne et de couleur brunâtre. Mais ce chien était spécial. Lionel avait si souvent traversé la région qu'il avait eu l'occasion de l'observer : ce chien ne possédait pas de pattes arrière. Elles étaient absentes, complètement. S'agissait-il d'une malformation congénitale ? Avait-il été écrasé par un véhicule et mutilé ?
Quelle que soit la cause de son état, ce chien était une source récurrente d'angoisse pour Lionel, profondément affecté par sa misère. Le chien sans pattes se traînait dans le village, à la recherche de nourriture dans les tas d'ordures. "Traîner" est le mot qui convient. Car en l'absence de pattes, son arrière-train mutilé était traîné sur la route, semant en permanence une fine trace de sang s'écoulant d'une blessure qui ne pouvait guérir, puisque causée par l'abrasion continue. L'effort colossal que ce chien devait fournir pour sa misérable survie était inconcevable : d'abord se soulever, puis pousser avec ses pattes avant, en surmontant son propre poids ainsi que le frottement produit par l'arrière de son corps qui raclait le sol. Et pourtant, il avançait — il allait quelque part.
Lorsque Lionel l'avait vu pour la première fois, il s'était dit : « Demain, ce chien sera mort ». Mais non, jour après jour, semaine après semaine, à chaque fois qu'il traversait le village d'Achabal, la mort miséricordieuse semblait s'être éclipsée et le chien était toujours là, bien vivant, endurant la torture de son corps mutilé.
Parce qu'il attirait les mouches et la vermine, les villageois, y compris les enfants, lui jetaient des bâtons et des pierres. Il s'enfuyait alors en rampant, mangeant tout ce qu'il pouvait trouver en chemin. Lionel se souvenait que dans le monde occidental, le chien aurait été mis sous sédatifs et euthanasié, comme un acte de charité. Mais ce n'était pas le cas en Inde, où les villageois trouvaient normal de lui jeter des pierres et de le chasser, mais pas normal de l'aider à mourir. Il s'agissait d'une affaire karmique qui ne concernait que le chien et son Créateur. Des deux cultures, Lionel ne savait plus très bien laquelle avait la bonne approche.
Ce chien donnait à Lionel matière à réflexion. Il lui arrivait de sombrer dans un trou noir à l'intérieur de lui-même, il pourrissait de désespoir, déféquait encore toutes les heures et perdait du poids, devenant plus squelettique de jour en jour. Mais alors, quand il voyait ce chien, lui venait cette pensée : « Ce monde peut être cruel, bien sûr, mais comprends donc que, comparé à ce chien, ton calvaire n'est rien, rien du tout ! De quoi diable te plains-tu ? »
Et c'est ainsi que, comme le chien, il continua d'avancer, survivant grâce à des restes de nourriture, traînant jour après jour ses pieds en sang.

Ce livre est disponible sur Amazon, en livre broché et en version Kindle :


 
 
 

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